En 1913, Roure est un village doublement isolé. Dépourvu de raccordement au nouveau réseau de voies carrossables, récemment construites au fonds des vallées, Roure est ainsi privé du passage obligé des hommes, des animaux, des marchandises qui circulaient depuis des siècles sur l’antique réseau de chemins muletiers entre Saint-Sauveur, Isola et Roubion.
Or, dans les années 1900, des usines hydroélectriques s’installent dans la vallée, fournissant une énergie qui bouleverse les transports. Une ligne de tramway électrique atteint Saint-Sauveur en 1911, mettant Nice et la zone littorale à 3 heures de route, contre 5 jours en 1800. Ces progrès offrent de nouveaux débouchés aux productions agro-pastorales. Envisagé dès 1913 par 63 propriétaires rourois, le « câble transporteur », long de 1800 mètres, reliant Roure à Saint-Sauveur, a fonctionné de 1927 à 1962. Un moteur électrique, toujours visible, entraînait 2 bennes, une descendante, une montante, de 450 kg de capacité chacune, entre la « gare » supérieure (à 1082 m) et la « gare » inférieure (à 498 m).
Par rapport au chemin muletier, le temps de transport passait de 3h à 20 minutes et le coût à la tonne était divisé par 3. En 1925, le trafic annuel total était évalué à 460 tonnes, dont, « à la descente » : 20 tonnes de pommes de terre, 25 tonnes de châtaignes et 80 tonnes de lait. Pendant 35 ans, le « câble » fut un pôle majeur de l’économie et de la vie du village, attirant petits et grands, au moment du « service » quotidien.